Page:Pierre Duhem - Les Origines de la statique, tome premier, 1905.djvu/72

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ne donnent aux esprits curieux de nouvelles trouvailles, ne leur permettent de combler les lacunes que nous avons dû laisser béantes et ne les conduisent, peut-être, à modifier quelques-unes de nos conclusions.

Avant d’aborder l’étude du traité de Statique fondamental qu’a produit, au moyen âge, l’énigmatique Jordanus de Nemore, il nous faut recueillir les débris, épars parmi les manuscrits, des écrits composés à Alexandrie sur la science de l’équilibre. Ce sera l’objet du présent Chapitre.

1. Les écrits attribués à Euclide

Les idées dont nous nous proposons de suivre l’évolution compliquée sont issues, en partie, de la science grecque ; non seulement nous aurons à démêler l’influence exercée au moyen âge, sur Jordanus de Nemore, par certains passages des Mηxàχανικά πϱοϐλήματα d’Aristote, mais encore il nous faut rechercher l’origine de quelques-unes de ces idées en un fragment attribué à Euclide. Bien que l’antiquité grecque n’attribue à Euclide aucun écrit sur la Mécanique, le nom de ce grand géomètre revient fréquemment dans les livres des auteurs arabes qui ont écrit sur la Statique, et trois fragments relatifs à la Mécanique sont donnés comme de lui. Le premier de ces fragments ne semble pas avoir été connu, au moyen âge, par les géomètres occidentaux ; il a été signalé, en 1851 , par le Dr Woepcke, qui l’a traduit de l’arabe et publié dans le Journal Asiatique[1] sous le titre : Le livre d’Euclide sur la balance. Le texte de ce traité se trouve dans le manuscrit n° 952.2 du Supplément arabe de la Bibliothèque Nationale, manuscrit composé à Chîrâz en l’an 358 de l’hégire (970 de notre ère).

  • Dans un autre exemplaire, dit le Dr Woepcke, j’ai
  1. Dr Woepcke, Notice sur des traductions arabes de deux ouvrages perdus d’Euclide (Journal Asiatique, 4e série, l. XVIII, p. 217 ; 1851).