Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/214

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est ruineux pour un état ; et tel autre seroit avantageux à l’état, qui ne donneroit à des marchands que des gains médiocres, mais légitimes, ou quelquefois leur occasionneroit des pertes. Le commerçant, digne de ce nom, est celui dont les spéculations et les entreprises n’ont pour objet que le bien public, et dont les effets rejaillissent sur la nation[1].

Les commerçans s’honorent par la voie même qui les enrichit ; les financiers s’imaginent tendre au même but par le faste et l’étalage de leurs richesses : c’est ce qui les a engagés à se produire dans le monde où ils auroient été les seuls étrangers, si l’on n’y eût à peu près dans le même temps recherché les gens de lettres.

  1. Les commerçans ont créé et rendu militaire la marine marchande qui a été le berceau de Barth, Duguay-Trouin, Cassart, Miniac, Ducasse, Gardin, Porée, Villetreux et de quelques autres que je nommerois, s’ils ne vivoient pas. Mais je me suis également interdit l’éloge et le blâme directs. Ils n’appartiennent qu’à l’histoire dont c’est le devoir, et qui doit, ainsi que la justice, ne faire acception de personne.

    Combien d’armemens ont été faits par les Le Gendre, Fontaine-des-Montées, Bruni, Eon de la Baronie, Granville-Loquet, Masson, Le Couteulx, Magon, Montaudouin, La Rue, Castanier, Casaubon, Mouchard, les Vincent, et tant d’autres que leur fortune ne doit pas faire placer parmi les financiers qui ruinoient l’état par des usures, dans le temps que les commerçans le soutenoient par leur crédit !