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CHAPITRE XI.

Sur les gens de lettres.


Autrefois les gens de lettres livrés à l’étude, et séparés du monde, en travaillant pour leurs contemporains, ne songeoient qu’à la postérité. Leurs mœurs, pleines de candeur et de rudesse, n’avoient guère de rapport avec celles de la société ; et les gens du monde, moins instruits qu’aujourd’hui, admiroient les ouvrages, ou plutôt le nom des auteurs, et ne se croyoient pas trop capables de vivre avec eux. Il entroit même dans cet éloignement plus de considération que de répugnance.

Le goût des lettres, des sciences et des arts a gagné insensiblement, et il est venu au point que ceux qui ne l’ont pas, l’affectent. On a donc recherché ceux qui les cultivent, et ils ont été attirés dans le monde à proportion de l’agrément qu’on a trouvé dans leur commerce.

On a gagné de part et d’autre à cette liaison. Les gens du monde ont cultivé leur esprit, formé leur goût, et acquis de nouveaux plaisirs. Les gens de lettres n’en ont pas retiré moins d’avantages. Ils ont trouvé de la considération ;