Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/224

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tres, c’est les connoître bien peu, que de craindre leur concurrence et leurs intrigues dans les routes de la fortune et de l’ambition. La plupart en sont incapables ; et ceux qui, par hasard, veulent s’en mêler, finissent ordinairement par être des dupes. Les intrigans de profession les connoissent bien pour tels ; et quand ils les engagent dans quelques affaires délicates, ils songent à les tromper les premiers, les font servir d’instruments ; mais ils se gardent bien de leur confier le ressort principal[1]. Il y a, au contraire, des sots qui, par une ardeur soutenue, des démarches suivies sans distraction de leur objet, parviennent à tout ce qu’ils désirent.

L’amour des lettres rend assez insensible à la cupidité et à l’ambition, console de beaucoup de privations, et souvent empêche de les connoître ou de les sentir. Avec de telles dispositions, les gens d’esprit doivent, tout balancé, être encore meilleurs que les autres hommes. À la disgrâce du surintendant Fouquet, les gens de lettres lui restèrent le plus courageusement attachés. La Fontaine, Pélisson, et mademoiselle de Scudéry allèrent jusqu’à s’exposer au ressentiment du roi, et même des ministres.

De deux personnes également bonnes, sensi-

  1. Voyez dans les communautés ; ce ne sont pas ceux qui les illustrent par des talens qu’on charge du régime.