Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/237

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seroit difficilement aux autres, s’ils ont intérêt de s’en éclaircir. Quoique les sciences ne soient pas exemptes de charlatanerie, elle y est plus difficile que sur ce qui n’a rapport qu’à l’esprit. On se trompe de bonne foi à cet égard, et l’on trompe assez facilement les autres, sur-tout si l’on ne se commet pas en donnant des ouvrages, et qu’on se borne au simple titre d’homme d’esprit et de goût. Voilà ce qui rend le bel-esprit si commun, qu’il ne devroit pas inspirer tant de vanité.

Mais laissant à part ce peuple de gens d’esprit, sur quoi les auteurs de mérite, et dont les preuves sont incontestables, fondent-ils leur supériorité à l’égard de plusieurs professions ?

En supposant que l’esprit dût être la seule mesure de l’estime, en ne comptant pour rien les différens degrés d’utilité, et ne jugeant les professions que sur la portion d’esprit qu’elles exigent, combien y en a-t-il qui supposent autant et peut-être plus de pénétration, de sagacité, de prestesse, de discussion, de comparaison, en un mot, d’étendue de lumière, que les ouvrages de goût et d’agrément les plus célèbres ?

Je ne citerai pas ce qui regarde le gouvernement ou la conduite des armées ; on pourroit croire que l’éclat qui accompagne certaines pla-