Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/238

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ces peut influer sur l’estime qu’on fait de ceux qui les remplissent avec succès, et j’aurois trop d’avantage. Je n’entrerai pas non plus dans le détail de tous les différens emplois ; il y en auroit plus qu’on ne croit qui auroient des titres solides à produire. Portons du moins la vue sur quelques occupations de la société.

Le magistrat, qui est digne de sa place, ne doit-il pas avoir l’esprit juste, exact, pénétrant, exercé, pour percer jusqu’à la vérité à travers les nuages dont l’injustice et la chicanne cherchent à l’obscurcir ; pour arracher à l’imposture le masque de l’innocence ; pour discerner l’innocence malgré l’embarras, la frayeur ou la maladresse qui semblent déposer contr’elle ; pour distinguer l’assurance de l’innocent d’avec l’audace du coupable ; pour connoître également et concilier l’équité naturelle et la loi positive ; pour faire céder l’une à l’autre, suivant l’intérêt de la société, et par conséquent de la justice même ?

Faut-il moins de qualités dans l’orateur pour éclaircir et présenter l’affaire sur laquelle le juge doit prononcer ; pour diriger les lumières du magistrat, et quelquefois les lui fournir ? car je ne parle point de l’art criminel d’égarer la justice.

Quel discernement ! quelle finesse de discussion n’exige pas l’art de la critique !

Quelle force de génie ne faut-il pas pour ima-