Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/267

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les, ils se réunissent, et n’ont plus qu’un esprit, dès qu’il s’agit de l’intérêt du corps ; ils y sacrifieroient parens, amis, s’ils en ont, et quelquefois eux-mêmes. Les vertus monastiques cèdent à l’esprit monacal. Il semble que l’habit qu’ils prennent soit le contraire de la robe de Nessus ; le poison de la leur n’agit qu’au dehors.

La faveur des partis se porte encore plus loin. Ils ne se bornent pas à leurs avantages réels, la haine contre le parti contraire est d’obligation ; c’est le seul devoir que la plupart soient en état de remplir, et dont ils s’acquittent religieusement, souvent pour des questions qu’ils n’entendent point, qui, à la vérité, ne méritent pas d’être entendues, et n’en sont adoptées et défendues qu’avec plus d’animosité. Nous en avons, de nos jours et sous nos yeux, des exemples frappans.

L’estime aujourd’hui tire si peu à conséquence, est un si foible engagement, qu’on ne craint point de dire d’un homme qu’on l’estime et qu’on ne l’aime point ; c’est faire à la fois un acte de justice, d’intérêt personnel et de franchise ; car c’est comme si l’on disoit que ce même homme est un bon citoyen, mais qu’on a sujet de s’en plaindre ; ou qu’il deplaît, et qu’on se préfère à la société ; aveu qui prouve aujourd’hui une espèce de courage philosophique, et qui