Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/279

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ge de tous les biens. Il n’est cependant pas aussi dur à lui-même qu’on le suppose ; il calcule très-finement, conclut assez juste, d’après un faux principe, et trouve bien des jouissances dans ses privations. Il n’y a rien dont il ne se prive dans l’espérance de jouir de tout. Dans le temps qu’il se refuse un plaisir, il jouit confusément de tous ceux qu’il sent qu’il peut se procurer. Les vraies privations sont forcées ; celles de l’avare sont volontaires. L’avarice est la plus vile, mais non pas la plus malheureuse des passions.

On ne sauroit trop s’attacher à corriger ou régler les passions qui rendent les hommes malheureux, sans les avilir ; et l’on doit rendre de plus en plus odieuses celles qui, sans les rendre malheureux, les avilissent et nuisent à la société, qui doit être le premier objet de notre attachement.