Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/137

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l’indiscrétion, la perfidie et tous les mauvais procèdes qu’elles essuient : point du tout ; elles sont déshonorées ; ne désirent que d’être sur la scène du monde ; l’éclat, qui feroit périr de désespoir une femme raisonnable, les console de tout.

Les filles qui vivent de leurs attraits ont la même ambition que les femmes du monde ; non-seulement la conquête d’un homme célèbre met un plus haut prix à leurs charmes ; mais cela les élève encore à une sorte de rivalité avec certaines femmes de condition qui n’ont que trop de ressemblance avec elles ; de sorte que vous entendez souvent citer les mêmes noms par des femmes qui ne seroient pas faites pour avoir les mêmes connoissances. D’ailleurs, indépendamment des commerces réglés, je me trouvois quelquefois engagé dans ces soupers de liberté, où il sembleroit qu’on vînt se dédommager de la contrainte qu’exigent les honnêtes femmes, si on pouvoit leur faire un reproche aussi mal fondé.

C’étoit dans ces parties que je connoissois les beautés nouvelles que la misère, le libertinage et la séduction fournissent à la débauche de Paris.

J’avoue que je ne m’y suis jamais trouvé sans une secrète répugnance. Ces tristes victimes de nos fantaisies et de nos caprices m’ont toujours