Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/24

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peser beaucoup, lorsque j’entrai dans les mousquetaires. La compagnie marcha en Flandre, et j’y fis ma première campagne. Avant mon départ, je passai trois jours avec madame de Rumigny d’une façon à me faire regretter. Elle me fit promettre de lui écrire ; mais à peine l’eus-je quittée que je n’y songeai plus.

Après la campagne, la compagnie revint à Paris où je passai l’hiver. Je n’allai seulement pas voir madame de Rumigny. La vie que je menois avec mes camarades, me paroissoit préférable à toute la gêne du commerce des femmes du monde. Je n’en recherchai aucune de celles qui exigent des soins et des attentions, et je suivis les mœurs des mousquetaires de mon âge.

Au retour du printemps, M. de Vendôme, à qui ma famille étoit particulièrement attachée, me proposa d’être un de ses aides-de-camp ; j’acceptai la proposition avec ardeur, et je le suivis en Espagne. Uniquement occupé de mes devoirs, je m’attachai à ce prince, c’est-à-dire au métier de la guerre ; car c’étoit ainsi qu’on lui faisoit sa cour.

Il fut assez content de mes services pour m’honorer de sa protection, et bientôt il me fit obtenir un régiment, à la tête duquel je me trouvai à la bataille de Villa-Viciosa que M. de Vendôme gagna sur M. de Staremberg.