Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/68

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ne vouloit plus vivre dans un commerce aussi criminel. J’eus beau la presser, son parti étoit pris, et je fus oblige de m’y soumettre. Je rendis la seule lettre que j’avois ; on ne m’en laissoit jamais qu’une, encore ne disoit-elle rien de positif. Quoi qu’il en soit, notre affaire finit sans aucun éclat. Je fus piqué de me voir quitter ; cependant madame de Gremonville n’eut aucun reproche à me faire. J’observai tout ce qu’elle m’avoit recommandé ; je la vis même quelque temps chez elle pour la ménager ; mais sans remarquer la moindre envie de renouer, ni le moindre souvenir du passé : ses procédés, en un mot, me parurent plus fiers que ceux d’aucune autre femme. Elle n’eut aucun des ménagemens ordinaires aux femmes dans de pareilles circonstances ; il falloit qu’elle comptât beaucoup sur ma probité, et elle me rendoit justice.

La retraite dans laquelle j’avois vécu avec madame de Gremonville, m’avoit fait perdre de vue tous mes amis et les différentes sociétés où j’étois lié auparavant. Je me trouvois donc assez isolé. Je résolus bien de ne plus tomber dans un pareil inconvénient, et de faire assez de maîtresses pour en avoir dans tous les états, et n’être jamais sans affaire, si j’en quittois ou en perdois quel qu’une.

J’étois dans ces dispositions, lorsqu’il m’arriva une discussion avec M. de***, conseiller au par-