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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/41

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SOCRATE.

Ainsi la chose aimée est différente de celle qui aime ?

EUTHYPHRON.

Belle demande !

SOCRATE.

[10b] Et, dis-moi, la chose portée est-elle portée, parce qu’on la porte, ou par quelque autre raison ?

EUTHYPHRON.

Par aucune autre raison, sinon qu’on la porte.

SOCRATE.

Et la chose poussée est poussée parce qu’on la pousse, et la chose vue est vue parce qu’on la voit ?

EUTHYPHRON.

Assurément.

SOCRATE.

Il n’est donc pas vrai qu’on voit une chose parce qu’elle est vue ; mais, au contraire, elle est vue parce qu’on la voit. Il n’est pas vrai qu’on pousse une chose parce qu’elle est poussée ; mais elle est poussée parce qu’on la pousse. Il n’est pas vrai qu’on porte une chose parce qu’elle est portée ; mais elle est portée parce qu’on la porte : cela est-il assez clair ? [10c] Entends-tu bien ce que je veux dire ? Je veux dire qu’on ne fait pas une chose parce qu’elle est faite, mais qu’elle est faite