Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/52

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HERMOGÈNE.

Tu as raison.

SOCRATE.

Ne crois-tu pas que si Hésiode voyait quelqu’un de bon parmi les hommes de nos jours, il le mettrait parmi la race d’or ?

HERMOGÈNE.

Je le crois.

SOCRATE.

Et les bons sont-ils autre chose que des sages ?

HERMOGÈNE.

Ce sont des sages.

SOCRATE.

Or c’est là surtout, suivant moi, ce que sont les démons pour Hésiode : s’il les a ainsi appelés, c’est parce qu’ils étaient sages et intelligents, δαήμονες ; c’est un terme de notre ancienne langue grecque. Hésiode a donc bien raison, lui et beaucoup d’autres poètes, lorsqu’ils disent qu’à la mort, l’homme sage entre en possession d’une haute et noble destinée, et devient démon ; c’est la sagesse qu’exprime cette dénomination. Et moi, à mon tour, comme je tiens tout homme bon pour sage, δαήμων, je dis que durant sa vie, comme après sa mort, il est au rang d’un démon, et que ce nom lui appartient à juste titre.