Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/966

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L'AMI. Non.

SOCR. Il n'est donc pas exact de dire simplement que la loi est une institution de l'État.

L'AMI. Je ne le crois pas.

SOCR. On ne concevrait pas que la loi fût une mauvaise institution.

L'AMI. Non, certes.

SOCR. Mais, moi aussi, je crois que la loi est une institution ; et si ce n'en est pas une mauvaise, ne faut-il pas de toute nécessité que c'en soit une bonne, puisque c'est une institution ?

L'AMI. Oui.

SOCR. Mais qu'est-ce qu'une bonne institution ? N'est-ce pas celle qui est fondée sur la vérité ?

[315a] L'AMI. Oui.

SOCR. Or, une institution fondée sur la vérité, c'est une découverte de la vérité.

L'AMI. Oui.

SOCR. La loi est donc la découverte de la vérité ?

L'AMI. Mais si la loi est la découverte de la vérité, pourquoi donc, Socrate, n'avons-nous pas toujours les mêmes lois dans les mêmes circonstances, quand nous avons découvert la vérité ?

SOCR. La loi n'en est pas moins la découverte de la vérité. S'il est vrai, comme il semble, que les hommes n'ont pas toujours les mêmes lois [315b] dans les mêmes circonstances, c'est qu'ils ne peuvent pas toujours découvrir cette vérité que demande la loi. Mais ce point établi, examinons si nous pouvons reconnaître pour constant que nous n'avons jamais eu que les mêmes lois, ou si, au contraire, nos lois ont varié à différentes époques : recherchons encore si tous les peuples ont les mêmes lois, ou si chacun d'eux en a de particulières.

L'AMI. Quant à cela, Socrate, il est aisé de reconnaître