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LE BANQUET

cette date, la composition du dialogue[1]. Un autre indice pourrait encore être cherché dans cette règle[2] que se serait donnée Platon, de ne jamais introduire dans ses dialogues de personnages vivants. Or la dernière comédie d’Aristophane que nous ayons conservée, le second Plutus, est de 388, et elle n’a été suivie que de deux autres pièces. On pourrait donc placer la mort du poète vers 386, deuxième année de la 97e Olympiade ; ce qui concorde avec les renseignements que nous possédons d’autre part.


Explication du titre.
Les banquets.

Une question d’un autre ordre se pose à propos du titre même de notre dialogue. En traduisant To symposion, le titre grec, par Le banquet, j’ai suivi une tradition à l’origine de laquelle est la traduction latine par Convivium. C’est aller bien loin que de qualifier[3] cette traduction d’ « absurdité ». On conviendra toutefois qu’elle est équivoque et qu’elle a besoin d’explications qui en précisent le sens[4]. Un symposion athénien paraît avoir été en effet quelque chose d’assez original, ne se confondant pas avec les syssities, qui sont des repas en commun d’institution légale, et ne ressemblant que partiellement, d’autre part, à ce qu’est pour nous un dîner, un repas de gala ou de fête. Mais, malgré tout ce qu’on a pu dire, il se rapproche davantage de ce que nous appelons un banquet. Par ce mot nous entendons en effet proprement un repas en commun, que

  1. Deux autres indications sont encore alléguées pour dater le Banquet : 182 b, la domination des Barbares sur l’Ionie, donc après le traité d’Antalcidas, 387 ; 178 e sq., le « bataillon sacré » serait plus explicitement mentionné si le dialogue était postérieur à 371 (cf., en un sens contraire, p. ix, n. 1). Pour d’autres détails, voir Théorie platon. de l’Amour, p. 55-63.
  2. Posée par L. Parmentier, La chronologie des dialogues de Platon (Bulletin de l’Académie de Belgique, classe des lettres, 1913).
  3. Avec Wilamowitz, op. cit. I 357.
  4. Si je l’ai cependant préférée au décalque Symposion (ou Sympose, que Louis Le Roy a placé en tête de sa traduction de 1559, et dont l’emploi, selon le témoignage particulièrement qualifié de M. Edm. Huguet, ne s’autoriserait que de rares et très médiocres exemples), c’est que, tout en exigeant les mêmes explications, ce décalque parlerait fort peu à l’esprit du lecteur et ne lui semblerait être qu’une affectation pédante.