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ÉRYXIAS

contiennent des dissertations sur les richesses et certains passages d’Éryxias présentent quelque analogie avec le second[1]. Telle fut peut-être l’origine de la confusion.

Les critiques modernes ont bien vu que l’œuvre, malgré des traces d’influence socratique, ne peut avoir été composée par un académicien du temps de Platon, mais que des idées mises en circulation à une époque plus tardive se combinent à celles d’un âge plus ancien, ainsi que nous l’avons montré[2].

Ce que révèle le développement des doctrines, nous est encore confirmé par un détail du dialogue. Le gymnasiarque qui, au dire de Socrate, chassa Prodicos, paraît être une sorte de fonctionnaire chargé de maintenir l’ordre et la discipline parmi les jeunes gens (399 a). Or, cette manière d’agir suppose un rôle de la gymnasiarchie qui date seulement du iiie siècle. À la grande époque d’Athènes, la fonction consistait dans une liturgie annuelle. Le gymnasiarque était essentiellement le chef des lampadophores. Il devait s’occuper des courses de flambeaux, recruter les champions, leur trouver des instructeurs, les nourrir durant la période des exercices, les pourvoir des accessoires nécessaires… Sous l’hégémonie macédonienne, cette charge se modifia et ce fut aux premiers citoyens de la ville, aux plus illustres qu’on la confia. La première tâche des magistrats choisis était de veiller sur la jeunesse des gymnases[3]. Or tel est bien le fonctionnaire qui intervient dans Éryxias. Ce fait nous montre que le dialogue dut être composé en un temps où de l’ancienne institution on ne conservait guère le souvenir, c’est-à-dire au plus tôt dans le courant du iiie siècle.


Le style, dans son ensemble, rappelle assez celui de la bonne époque. Plusieurs indices cependant témoignent que la langue attique n’est plus écrite dans toute sa pureté et

  1. Krauss, Aeschinis socratici reliquiae, p. 30 : Schrohl, op. cit., p. 29. Cf. également H. Dittmar, Aischines von Sphettos, p. 186 et suiv., p. 284.
  2. Cf. Hagenius, Observationum oeconomico-politicarum in Aeschinis dialogum qui Eryxias inscribitur partes II. Diss. Regiomont., 1822 ; Schrohl, op. cit. Prooemium.
  3. Cf. Glotz dans Dictionnaire des Antiquités de Daremberg et Saglio, au mot Gymnasiarchie.