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DU JUSTE

nition. Il faut chercher à grouper tous les cas particuliers sous l’unité d’un concept. Ici, on s’efforcera de découvrir la norme commune qui permet d’attribuer à nos actions la qualité de justes (373 a). La question de méthode éclaircie, on entre au cœur du sujet et on se demande :

1o Quel instrument sert à distinguer le juste de l’injuste. L’enquête amène à conclure que la parole, le discours aident à opérer un tel discernement (373 a-d).

2o Quelle est la nature de l’objet ainsi distingué (373 d-e). Comme le disciple avoue son embarras, Socrate assigne un point de vue sous lequel on examinera le problème : est-on, oui ou non, injuste sciemment, et faut-il en croire le poète, quand il dit : nul n’est méchant volontairement ? Ce thème va servir de base à la discussion et, par une série d’exemples, on établira la proposition suivante : ce qu’on appelle injuste, par exemple, tromper, mentir, nuire… peut être juste ou injuste suivant les circonstances de temps, de lieu, de personnes. Donc les mêmes actions seront tantôt bonnes, tantôt mauvaises (374 a-375 a).

3o Par conséquent, il faut agir avec circonspection pour agir justement. Mais agir ainsi, c’est agir conformément à la science. La justice est donc une science. Dès lors, l’injustice est une ignorance, et puisque l’ignorance est involontaire, l’injustice est semblablement involontaire (375 a-fin).


L’auteur. — Le thème de la justice est un de ceux qui fut le plus exploité par les écrivains anciens. On signale un περὶ δικαιοσύνης parmi les œuvres de Speusippe ; deux commentaires ou exhortations du même titre parmi celles de Xénocrate ; trois dialogues composés par Héraclide de Pont et quatre livres par Aristote[1]. Ce n’est évidemment à aucun de ces derniers que nous devons attribuer la paternité de l’écrit pseudo-platonicien. Le titre seul de leurs ouvrages diffère de celui que la tradition revendique pour le petit dialogue.

Diogène-Laërce mentionne parmi les σκυτικοὶ διάλογοι dont le cordonnier Simon serait l’auteur, deux περὶ δικαίου (II, 122). Mais ce Simon a-t-il existé, ou, du moins, a-t-il écrit ?

  1. Cf. Diog. Laërce : pour Speusippe, IV, 4 ; pour Xénocrate, IV, 12, 13 ; pour Héraclide, V, 86 ; pour Aristote, V, 22.