Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 3.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
NOTICE

plus après la mort (σὺ γὰρ οὐκ ἔσῃ, 365 e) et il en donne comme preuve la dissolution de l’âme et du corps ; d’autre part, il replace la personnalité dans l’âme persistante : ἡμεῖς γὰρ ἐσμεν ψυχή… Toute cette description de l’âme révèle du reste des traces épicuriennes ; la théorie de l’âme répandue à travers les pores du corps, et la métaphore de l’enveloppe, la tente (σκῆνος), pour désigner le corps, remonte à Démocrite, mais il n’est pas douteux que les épicuriens la lui empruntèrent[1].


2. — Le περὶ πένθους de Crantor est encore, nous l’avons dit, une source du dialogue. L’auteur de l’Axiochos a voulu écrire sous forme dramatique une consolation. Il était naturel qu’il se référât au modèle du genre. Le traité de Crantor, aujourd’hui disparu, ne peut être reconstitué qu’approximativement, mais les citations ou les imitations de Plutarque et de Cicéron permettent de constater des analogies de pensées ou même d’expressions entre les deux ouvrages. Peut-être le pseudo-Platon doit-il à son devancier l’idée du double thème qui a pour but de rassurer contre la crainte de la mort : d’une part, l’insensibilité totale du corps après la séparation de l’âme ; de l’autre, les joies de l’immortalité[2]. Sans doute aussi, tous les développements sur les maux de la vie se trouvaient déjà chez Crantor[3]. Il est fort possible également, que les deux légendes d’Agamède et Trophonios et des fils de la prêtresse d’Argos, rapportées dans le même sens par Plutarque et par Cicéron, proviennent de la même source[4]. La manière enfin d’exprimer certaines idées témoigne de la parenté des deux écrits. On s’en convaincra sans peine, par exemple, si on compare les procédés de rédaction dans le développement de la maxime que la mort nous laissera

  1. Axiochos 365 e-366 b. — Sur la théorie épicurienne, voir Diog. L. X, 63.
  2. Cf. Buresch, op. cit., p. 54.
  3. Cf. Plutarque, Consol. ad Appoll. 27, 115 B qui attribue à Crantor un développement de ce genre. Voir aussi Cicéron Tusculanes I, 34, 83.
  4. Cf. Axiochos 367 c. Plutarque, Consol. ad Appoll. 108 EF, 109 A ; Cicéron, Tusc. I, 47, 113, 144. Voir Freddersen, Ueber den pseudo-platonischen Dialog Axiochus, Programm v. Cuxhaven, 1895, p. 17.