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AXIOCHOS

Conclusion.

Il est donc assez vraisemblable que l’Axiochos fut écrit à cette époque de syncrétisme qui a précédé l’ère chrétienne. L’auteur a mélangé d’une façon peu adroite des développements empruntés à diverses écoles : les conceptions matérialistes des Épicuriens voisinent avec les vues spiritualistes des platoniciens ; quelques théories proviennent, sans doute, également de rhéteurs ou de sophistes anciens : il n’est pas impossible que Prodicos ait inspiré certaines des idées qui lui sont attribuées[1]. On ne peut déterminer avec certitude à quelle école appartenait le dialogiste. Immisch exagère peut-être en affirmant que l’écrit est dirigé contre l’Épicurisme et témoigne d’une polémique entre l’Académie et les philosophes du Jardin[2]. Il est pourtant vrai que les arguments épicuriens et les arguments spiritualistes ne paraissent pas posséder, aux yeux de l’auteur, la même efficacité. Les premiers ne font aucune impression sur l’esprit d’Axiochos qui les traite de radotages, de rabâchages d’école, trop répandus à l’heure actuelle (369 d) ; les seconds, au contraire, d’inspiration platonicienne, rendent aussitôt la confiance et la paix au malade ; ils éveillent en lui le désir des éternelles joies. Nous serions donc porté à penser que l’auteur de l’Axiochos était un académicien du ier siècle avant J.-Ch., plus rhéteur que philosophe, comme le manifeste la prédilection pour les termes

  1. Les critiques sont très partagés sur la question de savoir si Prodicos est une des sources du dialogue. Zeller, Buresch, Immisch, Döring (Gr. Phil. I, 330 et suiv.), Th. Gomperz (Les Penseurs de la Grèce, t. II, p. 452, note 3) croient à des réminiscences de Prodicos, au moins pour ce qui concerne les peines de la vie. — Feddersen, Brinkmann, v. Wilamowitz (Gött. Gel. Anz., 1896, p. 977 et suiv.), Rohde (Psyche7 et 8 II, p. 247, note 1) pensent que l’auteur de l’Axiochos se réfère à des sources plus tardives. Diels met le passage de l’Axiochos parmi les fragments douteux de Prodicos (Die Fragm. der Vorsok. II, 77 B, 9). Il n’est pourtant pas impossible que nous ayons, dans le texte de l’Axiochos, un résidu de l’enseignement de Prodicos, mais d’un enseignement adapté par l’auteur du dialogue. Nestle dans la dernière édition de Zeller (Erster Theil, Zweste Hälfte, p. 1392, note 5), fait remarquer que les mots τίνα τὴν τοῦ βίου ὁδόν ἐνστήσονται (367 a) sont comme un écho d’Héraclès (Mémor. II, 1, 21) : εἴτε τὴν δι’ ἀρετῆς ὁδὸν τρέψονται ἐπὶ τὸν βίον εἴτε τὴν διὰ κακίας.
  2. Op. cit., p. 25 et suiv.