Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 3.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
DÉFINITIONS

soleil est défini d’après sa nature physique, d’après ses propriétés, et aussi d’après la conception mystique que s’en faisaient les anciens (411 a 7) ; tantôt, l’équivocité des termes définis donne lieu à des explications entièrement distinctes : ainsi pour εὐγένεια (413 b 3), qui signifie la noblesse d’âme et s’applique également au style ; εὐφυία (413 d 6) qui se dit à la fois de l’âme et de l’esprit.

En somme, aucune unité ne semble avoir présidé à l’établissement de cette collection, qui paraît avoir été constituée au petit bonheur.


L’origine
de la définition.

Assez tôt dans les écoles, on a travaillé à construire des définitions. On attribuait déjà à Thalès celle du nombre[1]. Aristote témoigne que Démocrite et les Pythagoriciens se sont efforcés, avant Socrate, de déterminer certains concepts[2] et, suivant Gomperz, c’est un ouvrage de la collection hippocratique qui présente « le premier essai proprement dit de définition »[3] : l’auteur du traité Sur l’Art veut, en effet, préciser l’essence de la médecine. Les sophistes, si soucieux de la technique du langage, ont dû se plier à ces besoins d’une science naissante. En fait, on cite de Gorgias une définition de la rhétorique et une de la couleur[4], et Prodicos, toujours attentif à distinguer le sens des termes, a fort probablement contribué à fixer leur signification définitive[5]. Mais ce fut surtout au moment où la philosophie prit une forme plus scolastique, grâce à l’impulsion de Socrate et aux recherches entreprises à l’Académie, sous la direction de Platon, que l’intérêt grandit pour ce nouvel exercice de la pensée. Pour connaître l’essence des choses, ne fallait-il pas pouvoir l’exprimer en termes exacts, en termes qui permettraient de distinguer nettement entre eux les objets dont on parlait ? Les premiers dialogues platoniciens font revivre les

  1. Iamblique, In Nicomachi arith. introduc. liber, éd. Pistelli, p. 10.
  2. Métaphysique, Μ, 4, 1078 b, 19 et suiv.
  3. Les Penseurs de la Grèce, I, p. 518.
  4. Orat. Att. II, 130 b 18 ; Ménon, 76 d.
  5. Cf. Cratyle, 384 b ; Protagoras, 337 a-c ; Euthyd., 277 c et suiv. ; — Aristote, Top. Β 6, 112 b 22 et le commentaire d’Alexandre sur ce passage, 181, 2.