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SISYPHE


Introduction
(387 b-e.)

Sisyphe explique pourquoi il n’a pu se rendre avec Socrate et ses amis au discours d’apparat de Stratonicos. Les magistrats de Pharsale l’avaient convié à une délibération de leur conseil. Cette circonstance fournit à Socrate le thème de la discussion qui portera sur la nature de la délibération.


Première partie
(387 e-390 c).

La délibération ne serait-elle pas une sorte d’improvisation, de conjecture ou de divination sur un objet dont on ne sait rien ? Ce serait par hasard et comme au petit bonheur qu’on atteint la vérité.

Sisyphe n’accepte pas une pareille définition et propose la suivante : la délibération consiste à rechercher ce qu’il convient de faire, d’après des données approximatives. Elle ne suppose pas que l’on ignore complètement un sujet, mais qu’on le connaît imparfaitement.

Cependant, pressé par la dialectique de Socrate, Sisyphe doit convenir que ce n’est pas la partie déjà connue que l’on s’efforce de découvrir, mais précisément la partie inconnue. L’exemple des géomètres, des physiciens, en témoigne clairement : nul ne recherche jamais ce qu’il sait, mais ce qu’il ignore.

Donc, délibérer, c’est chercher ce qu’on ne sait pas. Or, qui peut empêcher de le trouver ? L’ignorance, évidemment. Il est impossible à qui que ce soit de délibérer à propos d’un art dont on ignore les éléments. On peut cependant chercher ce qu’on ignore. Et voilà qu’on doit reconnaître que chercher ne s’identifie pas à délibérer : la recherche porte sur ce que l’on ne sait pas, tandis que pour délibérer, il faut savoir. Donc, si l’on ne sait pas, plutôt que de chercher, il vaut mieux s’instruire auprès des gens compétents. Aussi, les Pharsaliens et Sisyphe ont perdu leur temps en discutant ce qu’ils ignoraient, au lieu de s’informer auprès de qui pouvait les éclairer.


Deuxième partie
(390 c-391 d).

Admettons que la délibération ne soit pas simple conjecture, pure divination, mais connaissance réelle. On distingue, comme dans tous les autres arts, des gens compétents et des gens incompétents, de bons et de mauvais conseillers. Mais pour les uns comme pour les autres, quel est l’objet de la