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NOTICE

délibération ? Évidemment ce ne peut être qu’une action à réaliser ; par conséquent, cet objet n’est pas actuel, mais futur : il sera. Or, le futur n’a aucune réalité, aucune nature. Il n’est pas, il n’a pas été produit, il appartient à la catégorie du non-être. Comment, encore une fois, pourrait-on chercher ce qui n’est pas ? Donc, la distinction entre bons et mauvais conseillers est factice, puisque, pour les uns et pour les autres, l’objet de la délibération s’évanouit.

Ainsi, que l’on considère la matière ou l’essence delà délibération, on ne parvient point à se rendre compte de ce qu’elle est.

Conclusion (391 d).

Le sujet nécessite encore de nouvelles réflexions.

II

L’ÉPOQUE ET L’AUTEUR

Boeckh et Hermann ont noté les ressemblances qui apparentent le Sisyphe au de Justo ou au de Virtute : à peu près même longueur, même maladresse, soit dans l’affabulation, soit dans les procédés de discussion ; de part et d’autre, utilisation du Ménon de Platon. Et comme Diogène-Laërce signale parmi les œuvres du cordonnier Simon un περὶ βουλεύεσθαι, cela suffit pour qu’on revendique en faveur de Simon la paternité de notre dialogue. Nous avons dit ailleurs ce qu’il fallait penser de ces attributions.

Rien, du reste, ne prouve avec évidence l’unité d’auteur de ces trois écrits. Qu’il y ait entre eux certains airs de parenté, il ne faut point s’en étonner : tous les exercices d’école se ressemblent, et le Ménon de Platon a été plagié plus d’une fois.

Il paraît difficile de déterminer avec une entière certitude la date précise où fut composé le Sisyphe. Tout au plus, en suivant les indications que nous suggèrent le choix des personnages, des tendances doctrinales plus ou moins confuses, quelques particularités stylistiques, pourrons-nous conclure sans trop de témérité que le dialogue n’a pu être écrit avant l’époque aristotélicienne.