Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/184

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Eh bien, je dis que nous aurions dû diviser tout de suite les animaux marcheurs en opposant les bipèdes aux quadrupèdes, puis voyant l’homme rangé encore dans la même classe que les volatiles seuls, partager le troupeau bipède à son tour en bipèdes nus et en bipèdes emplumés [8] , qu’enfin cette division faite et l’art de paître les humains mis dès lors en pleine lumière, placer à sa tête l’homme politique et royal, l’y installer comme cocher et lui remettre les rênes de l’Etat, comme lui appartenant de droit, en tant que possesseur de cette science.

SOCRATE LE JEUNE

Voilà qui est parfait : tu m’as rendu raison, comme si tu me payais une dette, en ajoutant la digression en guise d’intérêts et pour faire bonne mesure.

L’ÉTRANGER

X. — Allons maintenant, revenons en arrière et enchaînons du commencement à la fin les anneaux de la définition que nous avons donnée de l’art politique.

SOCRATE LE JEUNE

Oui, faisons-le.

L’ÉTRANGER

Dans la science théorique, nous avons en commençant distingué une partie, celle du commandement, puis dans celle-ci une portion que nous avons appelée par analogie commandement direct. Du commandement direct nous avons détaché à son tour l’art d’élever les êtres animés, qui n’en est pas le genre le moins important ; de l’art d’élever les êtres vivants, l’espèce qui consiste dans l’élevage en troupeaux, et de l’élevage en troupeaux, l’art de paître les animaux qui marchent, dont la section principale a été l’art de nourrir la race dépourvue de cornes. La partie à détacher de cet art n’exige pas moins qu’un triple entrelacement, si on veut la ramener dans un terme unique, en l’appelant l’art de paître des races qui ne se croisent pas. Le segment qui s’en sépare, seule partie qui reste encore après celle des troupeaux bipèdes, est l’art de paître les hommes, et c’est précisément ce que nous cherchions, l’art qui s’appelle à la fois royal et politique [9] .

SOCRATE LE JEUNE

C’est bien cela.

L’ÉTRANGER

Mais est-il bien sûr, Socrate, que ce que tu viens de dire, nous l’ayons réellement fait ?

SOCRATE LE JEUNE