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Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/195

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précédente. Terminons ici notre récit, et qu’il nous serve à reconnaître à quel point nous nous sommes mépris en définissant le roi et la politique dans notre discours précédent.

SOCRATE LE JEUNE

XVII. — Mépris en quoi, et quelle est la gravité de cette méprise dont tu parles ?

L’ÉTRANGER

Elle est légère en un sens, mais en un autre très grave, et beaucoup plus grande et plus importante que celle de tout à l’heure.

SOCRATE LE JEUNE

Comment cela ?

L’ÉTRANGER

C’est que, interrogés sur le roi et le politique de la période actuelle du mouvement et de la génération, nous sommes allés chercher dans la période opposée le berger qui paissait le troupeau humain d’alors, un dieu au lieu d’un mortel, en quoi nous nous sommes gravement fourvoyés. D’autre part, en déclarant qu’il est le chef de la cité tout entière, sans expliquer de quelle façon, nous avons bien dit la vérité, mais pas complètement ni clairement, et voilà pourquoi notre erreur est ici moins grave que l’autre.

SOCRATE LE JEUNE

C’est vrai.

L’ÉTRANGER

Ce n’est donc que lorsque nous aurons expliqué la manière dont se gouverne l’Etat que nous pourrons nous flatter d’avoir donné du politique une définition complète.

SOCRATE LE JEUNE

Bien.

L’ÉTRANGER

C’est pour cela que nous avons introduit notre mythe nous voulions non seulement montrer que tout le monde dispute à celui que nous cherchons en ce moment le titre de nourricier du troupeau, mais aussi voir sous un jour plus clair celui qui se chargeant seul, à l’exemple des bergers et des bouviers, de nourrir le troupeau humain, doit être seul jugé digne de ce titre.

SOCRATE LE JEUNE

C’est juste.

{{Personnage|L’ÉTRANG