Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/222

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oi ne peut régner s’il n’est point prêtre, et, si par hasard il appartenait à une autre classe, avant d’avoir conquis le trône, il est forcé par la suite de se faire recevoir dans la caste sacerdotale. Chez les Grecs aussi, on trouverait qu’en maint Etat ce sont les plus hauts magistrats qui sont chargés d’accomplir les plus importants de ces sacrifices. Et c’est chez vous surtout que se vérifie ce que j’avance ; car on dit que c’est au roi désigné par le sort [17] que l’on confie ici le soin d’offrir les sacrifices les plus solennels et qui remontent à la tradition nationale la plus ancienne.

SOCRATE LE JEUNE

C’est bien cela.

L’ÉTRANGER

Il faut donc examiner à la fois ces rois désignés par le sort et ces prêtres, avec leurs assistants, et aussi certaine troupe très nombreuse, qui vient d’apparaître à nos yeux, à présent que les autres prétendants sont écartés.

SOCRATE LE JEUNE

De qui parles-tu donc ?

L’ÉTRANGER

De gens tout à fait étranges.

SOCRATE LE JEUNE

En quoi donc ?

L’ÉTRANGER

C’est une race formée de toute sorte de tribus, à ce qu’il semble au premier coup d’oeil, — car beaucoup de ces gens ressemblent à des lions, à des centaures et à d’autres êtres pareils, et un très grand nombre à des satyres et à des bêtes sans force, mais pleines de ruse ; en un clin d’oeil, ils changent entre eux de formes et de propriétés. Ah ! Socrate, je crois que je viens de reconnaître ces gens-là.

SOCRATE LE JEUNE

Explique-toi ; tu as l’air de découvrir quelque chose d’étrange.

L’ÉTRANGER

Oui ; car c’est l’ignorance qui fait toujours paraître les choses étranges, et c’est ce qui m’est arrivé à moi-même tout à l’heure ; en apercevant soudain le choeur qui s’agite autour des affaires publiques, je ne l’ai pas reconnu.

SOCRATE LE JEUNE

Quel choeur ?

L’ÉTRANGER