Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/252

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Et maintenant, n’avons-nous pas trouvé ce que nous cherchions en commençant, que certaines parties importantes de la vertu sont naturellement opposées les unes aux autres et produisent les mêmes oppositions dans ceux où elles se rencontrent ?

SOCRATE LE JEUNE

Il semble bien.

L’ÉTRANGER

Maintenant voyons ceci.

SOCRATE LE JEUNE

Quoi ?

L’ÉTRANGER

XLVI. — Si, parmi les sciences qui combinent, il en est une qui, de propos délibéré, compose l’un quelconque de ses ouvrages, si humble qu’il soit, aussi bien de mauvais que de bons éléments, ou si toute science, au contraire, ne rejette pas invariablement, autant qu’elle peut, les éléments mauvais, pour prendre les éléments convenables et bons, et, les réunissant tous ensemble, qu’ils soient ou non semblables, en fabriquer une oeuvre qui ait une propriété et un caractère unique.

SOCRATE LE JEUNE

Le doute n’est pas possible.

L’ÉTRANGER

Il en est de même de la politique, si elle est, comme nous le voulons, conforme à la nature : il n’est pas à craindre qu’elle consente jamais à former un Etat d’hommes indifféremment bons ou mauvais. Il est, au contraire, bien évident qu’elle commencera par les soumettre à l’épreuve du jeu ; puis, l’épreuve terminée, elle les confiera à des hommes capables de les instruire et de servir ses intentions ; mais elle gardera elle-même le commandement et la surveillance, tout comme l’art du tisserand commande et surveille, en les suivant pas à pas, les cardeurs et ceux qui préparent les autres matériaux en vue du tissage, montrant à chacun comment il doit exécuter les besognes qu’il juge propres à son tissage.

SOCRATE LE JEUNE

Parfaitement.

L’ÉTRANGER

C’est exactement ainsi, ce me semble, que la science royale procédera à l’égard de ceux qui sont