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Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/281

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l’unité à l’infini ; les nombres intermédiaires leur échappent, et c’est ce qui distingue la dialectique de l’éristique dans les discussions que nous avons entre nous.

PROTARQUE

VII. — Il y a dans ce que tu dis, Socrate, des choses que je crois comprendre ; mais il y en a d’autres où j’ai encore besoin d’éclaircissements.

SOCRATE

Ce que je dis est clair, Protarque, si tu l’appliques aux lettres de l’alphabet. Tu peux t’en rendre compte sur ces lettres qu’on t’a apprises dans ton enfance.

PROTARQUE

Comment ?

SOCRATE

La voix qui sort de notre bouche est une et en même temps infinie en nombre pour tous et pour chacun.

PROTARQUE

Sans contredit.

SOCRATE

Mais nous aurions beau connaître ces deux choses : nous ne serions pas encore savants, ni parce que nous savons que la voix est infinie, ni parce que nous savons qu’elle est seule ; c’est la connaissance du nombre et de la nature des sons qui fait de chacun de nous un bon grammairien.

PROTARQUE

Rien de plus vrai.

SOCRATE

Et c’est la même chose qui fait le musicien.

PROTARQUE

Comment ?

SOCRATE

Considérée dans son rapport à l’art de la musique, la voix est une aussi.

PROTARQUE

Sans doute.

SOCRATE

Mais il faut reconnaître qu’il y a deux sons, le grave et l’aigu, et un troisième, intermédiaire. N’est-ce pas vrai ?

PROTARQUE

Si.

{{Personnage|SOCRATE