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Tu ne seras pas encore habile en musique, si tu ne sais que cela ; mais, si tu l’ignores, tu seras pour ainsi dire nul en musique.
C’est vrai.
Mais, mon ami, quand tu auras appris le nombre et la nature des intervalles de la voix, tant pour les sons aigus que pour les graves, les limites de ces intervalles et toutes les combinaisons qui en dérivent — combinaisons que les anciens ont trouvées et qu’ils nous ont transmises à nous, leurs successeurs, qui devions leur donner le nom d’harmonies, comme ils nous ont appris aussi qu’il y a dans les mouvements du corps des propriétés du même genre, qui, mesurées par des nombres, doivent, disent-ils, s’appeler rythmes et mesures, et en même temps qu’il faut songer que le même examen s’impose pour tout ce qui est un et multiple —, quand, dis-je, tu auras appris tout cela, alors tu seras savant, et lorsque, examinant de cette manière n’importe quelle autre chose une, tu l’auras saisie, tu seras devenu sage relativement à cette chose. Mais l’infinité des individus et la multitude qui est en eux sont cause que tu ne les comprends pas et qu’on ne fait de toi ni estime ni compte[1], parce que tu ne fixes jamais ta vue sur aucun nombre en aucune chose.
VIII. — Ce que Socrate vient de dire, Philèbe, me paraît à moi excellemment dit.
Pour ce qui est du discours même, je suis de ton avis ; mais enfin pour quelle raison l’a-t-il fait et où veut-il en venir ?
Philèbe a raison, Protarque, de nous poser cette question.
Assurément. Réponds-lui donc.
Je le ferai quand j’aurai ajouté quelques détails sur cette matière même. Quand on a pris une unité quelconque,
- ↑ Allusion à l’oracle rendu aux Mégariens : « Mais vous, Mégariens, vous n’êtes ni les troisièmes, ni les quatrièmes, ni les douzièmes, et l’on ne fait de vous ni estime, ni compte. » (Schol. de Théocrite, XIV, 48 sqq.).