Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/302

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Alors observe l’argument qui se présente maintenant à nous sur cette matière.

PROTARQUE

Parle seulement.

SOCRATE

Si nous considérons la nature des corps de tous les êtres vivants, nous voyons dans leur composition le feu, l’eau, l’air, et la terre, comme disent les navigateurs ballottés par la tempête.

PROTARQUE

C’est juste : car nous sommes réellement ballottés par les difficultés de la discussion.

SOCRATE

Eh bien, écoute ce que je vais dire de chacun des éléments dont nous sommes composés.

PROTARQUE

Qu’est-ce ?

SOCRATE

C’est que chacun de ces éléments présents en nous est petit et de pauvre qualité, qu’il n’est pur nulle part, et n’a pas un pouvoir digne de sa nature ; et, quand tu auras vérifié cela sur l’un d’eux, applique-le à tous. Par exemple, il y a du feu en nous, il y en a aussi dans l’univers.

PROTARQUE

Sans doute.

SOCRATE

Or celui qui est en nous est petit, faible et pauvre ; mais celui qui est dans l’univers est admirable pour la quantité, la beauté et toute la force naturelle au feu.

PROTARQUE

C’est tout à fait vrai, ce que tu dis.

SOCRATE

Eh bien, le feu de l’univers est-il formé, nourri, gouverné par le feu qui est en nous, ou n’est-ce pas, au contraire, de celui de l’univers que le mien, le tien et celui de tous les autres êtres vivants tiennent tout ce qu’ils sont ?

PROTARQUE

Cette question ne mérite même pas de réponse.

SOCRATE