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En quelles affections ? et de quelle sorte de vie parles-tu ?
Dans la réplétion, la vacuité et tout ce qui a trait à la conservation et à la destruction des êtres vivants, et dans le cas où l’un de nous, se trouvant dans l’un ou l’autre de ces états, tantôt souffre, tantôt jouit en passant de l’un à l’autre.
C’est vrai.
Mais qu’arrive-t-il, quand il est entre les deux ?
Comment, entre les deux ?
Quand il souffre par ce qu’il éprouve et qu’il se souvient des plaisirs dont l’arrivée ferait cesser la douleur, mais sans être encore rempli, qu’arrive-t-il alors ? Dirons-nous, ne dirons-nous pas qu’il est entre les deux affections ?
Disons-le hardiment.
Est-il tout entier dans la douleur ou dans la joie ?
Non, par Zeus, mais il ressent en quelque sorte une douleur double, dans son corps par ce qu il éprouve et dans son âme par l’attente et le désir.
Comment peux-tu parler de double peine, Protarque ? Est-ce qu’il n’arrive pas qu’un de nous, étant vide, soit à même d’espérer sûrement qu’il sera rempli et que parfois, au contraire, il soit sans espoir ?
Certainement si.
Ne vois-tu donc pas qu’en espérant être rempli, il a du plaisir par la mémoire et qu en même temps, parce qu’il est vide, il souffre en ce moment-là ?