de ces plaisirs, et il s’y adonne sans cesse tout entier, d’autant plus qu’il est plus débauché et plus insensé ; il les appelle les plus grands et il tient pour l’homme le plus heureux celui qui en jouit le plus complètement durant toute sa vie.
Tu as fort bien décrit, Socrate, tout ce qui vient à l’esprit de la plupart des hommes.
Sans doute, Protarque, en ce qui concerne les plaisirs purement corporels, où les sensations externes et internes se mêlent. Quant à ceux où l’âme et le corps contribuent, en opposant à la fois douleur contre plaisir et plaisir contre douleur, de manière à former un mélange unique, nous les avons décrits précédemment, en disant que, lorsqu’un homme est vide, il désire être rempli, que l’espoir de l’être le réjouit et que le vide le fait souffrir. Nous n’ayons apporté alors aucun témoignage à l’appui de nos assertions, mais nous déclarons à présent que dans tous ces cas innombrables où l’âme s’oppose au corps, il en résulte un mélange unique de douleur et de plaisir.
Il me semble que tu as tout à fait raison.
XXIX. — Il nous reste encore un mélange de douleur et de plaisir.
Lequel veux-tu dire ?
Celui que nous avons dit que l’âme seule éprouvait en elle-même.
Et en quoi le faisons-nous consister ?
Ne regardes-tu pas la colère, la crainte, le désir, le deuil, l’amour, la jalousie, l’envie et toutes les passions de ce genre comme des douleurs de l’âme seule ?
Si.
Ne les trouverons-nous pas remplies de plaisirs inexprimables, ou faut-il nous rappeler la col