ère, qui pousse l’homme, si sage qu’il soit, à se fâcher, et qui est plus douce que le miel qui dégoutte du rayon[1], et que les plaisirs sont mêlés aux douleurs dans les lamentations et les regrets ?
Non : je reconnais que les choses sont bien comme tu le dis, et non autrement.
Tu te rappelles aussi les représentations tragiques, où le plaisir se mêle aux pleurs ?
Sans doute.
Et dans la comédie, sais-tu quel est notre état d’âme, et qu’ici aussi il y a mélange de douleur et de plaisir ?
Je ne vois pas cela bien clairement.
C’est que vraiment, Protarque, il n’est pas facile de s’expliquer le sentiment qu’on éprouve à cette occasion.
C’est ce qui me semble, à moi.
Considérons-le donc avec d’autant plus d’attention qu’il est plus obscur. Cela nous servira pour d’autres cas, où nous découvrirons plus aisément-le mélange de la douleur et du plaisir.
Parle.
Admettras-tu que l’envie, dont le nom a été prononcé il y a un instant, est une douleur de l’âme ? Qu’en penses-tu ?
Je l’admets.
Cependant nous voyons l’envieux prendre plaisir aux malheurs de ses voisins.
Un grand plaisir même.
{{Personnage|SOCR
- ↑ Homère, Iliade, XVIII, 108. C’est Achille qui parle et maudit la colère qui l’a fait rentrer dans sa tente et a été la cause de la mort de Patrocle.