Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/346

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tragédie et la comédie de la vie humaine, et dans mille autres choses encore, les douleurs sont mêlées aux plaisirs.

PROTARQUE

Il est impossible de ne pas en convenir, Socrate, quelque désir qu’on ait de plaider pour le contraire.

SOCRATE

XXX. — Nous nous étions proposé de passer en revue la colère, le désir, les lamentations, la crainte, l’amour, la jalousie, l’envie et toutes les passions analogues où nous pensions trouver mélangés les deux éléments si souvent mentionnés, n’est-ce pas vrai ?

PROTARQUE

Si.

SOCRATE

Et nous nous rendons compte que la discussion que nous venons de terminer se rapporte exclusivement aux lamentations, à l’envie et à la colère ?

PROTARQUE

Bien certainement nous nous en rendons compte.

SOCRATE

Alors il nous reste encore beaucoup de passions à passer en revue.

PROTARQUE

Assurément.

SOCRATE

Pour quelle raison principalement penses-tu que je t’ai montré le mélange qu’offre la comédie ? N’est-ce pas pour te convaincre qu’il est facile de faire voir le même mélange dans les craintes, les amours et le reste et pour que, ayant bien saisi cet exemple, tu me laisses libre, sans m’obliger, en entrant dans l’examen de ces passions, à allonger la discussion, et que tu admettes simplement ceci, que le corps sans l’âme et l’âme sans le corps et tous les deux en commun éprouvent mille affections où la douleur est mêlée au plaisir. Dis-moi donc, à présent, si tu me tiens quitte, ou si tu veux me tenir jusqu’à minuit. Encore quelques mots et j’espère obtenir de toi que tu me laisses aller. Je m’engage à te rendre compte de tout cela demain. Mais, pour le moment, je voudrais cingler vers les points qui restent, pour en venir au jugement que Philèbe exige de moi.

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