Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/345

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Et avec raison.

SOCRATE

Quant à l’illusion que nos amis se font sur leur sagesse, leur beauté et toutes les qualités que nous avons énumérées tout à l’heure, en disant qu’elles se rangent en trois classes et que le ridicule se trouve où est la faiblesse et l’odieux là où est la force, affirmerons-nous, n’affirmerons-nous pas que, comme je le disais tout à l’heure, cet état d’esprit de nos amis, lorsqu’il est inoffensif, est ridicule ?

PROTARQUE

Il l’est certainement.

SOCRATE

Et n’avouerons-nous pas que c’est un mal, puisque c’est un état d’ignorance ?

PROTARQUE

Oui, un grand mal.

SOCRATE

Et avons-nous du plaisir ou du chagrin, quand nous en rions ?

PROTARQUE

Du plaisir, évidemment.

SOCRATE

Mais de la joie des maux de nos amis, n’avons-nous pas dit que c’est l’envie qui la cause ?

PROTARQUE

C’est l’envie forcément.

SOCRATE

Donc quand nous rions des ridicules de nos amis, l’argument déclare qu’en mêlant le plaisir à l’envie, nous mêlons le plaisir à la douleur ; car nous avons reconnu précédemment que l’envie est une douleur de l’âme et le rire un plaisir, et que ces deux choses se rencontrent ensemble dans cette circonstance.

PROTARQUE

C’est vrai.

SOCRATE

L’argument nous fait donc voir à présent que, dans les lamentations, dans les tragédies et dans les comédies, et non pas seulement au théâtre, mais encore dans toute la