Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/351

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Autre question : n’avons-nous pas entendu dire que le plaisir est toujours en voie de génération et jamais dans l’état d’existence ? Il y a, en effet, des gens habiles[1] qui essayent de nous démontrer cette théorie, et il faut leur en savoir gré.

PROTARQUE

Pourquoi donc ?

SOCRATE

Je vais t’expliquer tout cela, en t’interrogeant, mon cher Protarque.

PROTARQUE

Tu n’as qu’à parler et à me questionner.

SOCRATE

XXXIII. — Il y a deux sortes de choses, l’une qui existe pour elle-même, l’autre qui en désire sans cesse une autre.

PROTARQUE

Comment ? Et quelles sont ces deux choses ?

SOCRATE

L’une est très noble de nature, l’autre lui est inférieure.

PROTARQUE

Parle encore plus clairement.

SOCRATE

Nous avons vu, n’est-ce pas, de beaux et bons enfants, et de vaillants hommes qui en étaient épris ?

PROTARQUE

Assurément.

SOCRATE

Eh bien, cherche maintenant deux choses qui ressemblent à ces deux-là sous tous les rapports que nous reconnaissons entre elles.

PROTARQUE

Je te le dis pour la troisième fois : explique ta pensée plus clairement, Socrate.

SOCRATE

Ce n’est pas une énigme ; mais le discours s’amuse à nous taquiner. Ce qu’il veut dire, c’est que, de ces deux choses, l’une existe toujours en vue de quelq

  1. Il s’agit peut-être d’Aristippe et de ses partisans. Diogène Laërce (II, 87) dit qu’Aristippe « démontra que le but de la vie est un mouvement doux accompagné de sensation ».