Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/354

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Et le même homme ne manquera pas non plus de se moquer de ceux qui trouvent leur satisfaction dans la génération.

PROTARQUE

Comment, et de qui parles-tu ?

SOCRATE

De ceux qui, se délivrant de la faim, ou de la soif, ou de quelque autre besoin semblable que la génération satisfait, se réjouissent à cause de la génération, comme si elle était par elle-même un plaisir, et qui disent qu’ils ne voudraient pas de la vie s’ils n’étaient pas sujets à la faim, et s’ils n’éprouvaient pas toutes les autres sensations qu’on peut dire qui sont la suite de ces besoins.

PROTARQUE

Telle est bien, semble-t-il, leur façon de penser.

SOCRATE

Ne pouvons-nous pas dire tous que le contraire de la génération est la destruction ?

PROTARQUE

C’est indéniable.

SOCRATE

Ainsi, choisir la vie de plaisir, c’est choisir la destruction et la génération, et non cette troisième vie, où il n’y a ni plaisir, ni peine, mais où l’on peut avoir en partage la sagesse la plus pure.

PROTARQUE

C’est, à ce que je vois, Socrate, une grande absurdité de croire que le plaisir est un bien pour nous.

SOCRATE

Oui, et nous pouvons le prouver encore d’une autre manière.

PROTARQUE

De quelle manière ?

SOCRATE

N’est-il pas absurde, alors qu’il n’y a rien de bon ni de beau, ni dans les corps, ni dans mainte autre chose, mais seulement dans l’âme, de dire que le plaisir est le seul bien de cette âme, et que le courage, la tempérance, l’intelligence et tous les autres biens que l’âme a reçus en partage