Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/355

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ne sont pas des biens, et, outre cela, d’être obligé de convenir que celui qui ne goûte point de plaisir, mais qui souffre, est méchant au moment où il souffre, fût-il le meilleur des hommes, et qu’au contraire un homme qui a du plaisir est, au moment où il le ressent, d’autant supérieur en vertu que son plaisir est plus grand.

PROTARQUE

Tout cela, Socrate, est de la dernière absurdité.

SOCRATE

XXXIV. — Cependant il ne faudrait pas, après avoir essayé de soumettre le plaisir à un examen approfondi et complet, avoir l’air d’en exempter totalement l’intelligence et la science. Frappons-les plutôt hardiment de tous côtés, pour voir s’il n’y aurait pas quelque part en elles quelque fêlure, afin de découvrir ce qu’il y a de plus pur dans la nature et de nous servir de ce qu’il y a de plus vrai à la fois dans l’intelligence et dans le plaisir, pour porter notre jugement sur les deux.

PROTARQUE

C’est juste.

SOCRATE

Admettons-nous que les sciences se divisent en deux classes, dont l’une a, je pense, pour objet les arts mécaniques et l’autre l’éducation et la culture ? Qu’en dis-tu ?

PROTARQUE

Je l’admets.

SOCRATE

Considérons d’abord si, dans les arts mécaniques, il n’y a pas une partie qui dépende davantage de la science et une autre moins, et s’il faut regarder la première comme la plus pure et l’autre comme moins pure.

PROTARQUE

Oui, c’est une chose à considérer.

SOCRATE

Ne faut-il pas distinguer des autres les arts directeurs et les mettre à part ?

PROTARQUE

Quels arts et comment ?

SOCRATE

Par exemple, si on sépare de tous les arts l’art de compter, de mesurer, de peser, on peut dire que ce qui restera de chacun d’eux n’aura pas grande valeur.

PROTARQUE