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Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/412

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trouvé, de le faire connaître à tout le monde.

Il est une autre question qu’il faut examiner à propos de l’univers, à savoir d’après lequel des deux modèles son architecte l’a construit, d’après le modèle immuable et toujours le même, ou d’après celui qui est né. Or, si ce monde est beau et son auteur excellent, il est évident qu’il a eu les yeux sur le modèle éternel ; s’ils sont au contraire ce qu’il n’est même pas permis de dire, c’est sur le modèle qui est né. Il est donc clair pour tout le monde qu’il a eu les yeux sur le modèle éternel. Car le monde est la plus belle des choses qui sont nées, et son auteur la meilleure des causes. Donc, si le monde a été produit de cette manière, il a été formé sur le modèle de ce qui est compris par le raisonnement et l’intelligence et qui est toujours identique à soi-même.

Dans ces conditions, il est aussi absolument nécessaire que ce monde-ci soit l’image de quelque chose. Or en toute matière, il est de la plus haute importance de commencer par le commencement naturel. En conséquence, à propos de l’image et de son modèle, il faut faire les distinctions suivantes : les paroles ont une parenté naturelle avec les choses qu’elles expriment. Expriment-elles ce qui est stable, fixe et visible à l’aide de l’intelligence, elles sont stables et fixes, et, autant qu’il est possible et qu’il appartient à des paroles d’être irréfutables et invincibles, elles ne doivent rien laisser à désirer à cet égard. Expriment-elles au contraire ce qui a été copié sur ce modèle et qui n’est qu’une image, elles sont vraisemblables et proportionnées à leur objet, car ce que l’être est au devenir, la vérité l’est à la croyance. Si donc, Socrate, il se rencontre maint détail en mainte question touchant les dieux et la genèse du monde, où nous soyons incapables de fournir des explications absolument et parfaitement cohérentes et exactes, n’en sois pas étonné ; mais si nous en fournissons qui ne le cèdent à aucune autre en vraisemblance, il faudra nous en contenter, en nous rappelant que moi qui parle et vous qui jugez nous ne sommes que des hommes et que sur un tel sujet il convient d’accepter le mythe vraisemblable, sans rien chercher au-delà.

SOCRATE

C’est parfait, Timée, et l’on ne peut qu’approuver ta demande. Nous avons accueilli ton prélude avec admiration ; exécute à présent ton morceau sans t’interrompre.

TIMÉE

Disons donc pour quelle cause celui qui a formé le devenir et l’univers l’a formé. Il était bon, et, chez celui qui est bon, il ne naît jamais d’envie pour quoi que ce soit. Exempt d’envie, il a voulu que toutes choses fussent, autant que possible, semblables à lui-même. Que ce soit