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SCÈNE IX. — LE VIEILLARD, MÉNECHME, DES ESCLAVES, MESSÉNION.

LE VIEILLARD. Au nom des dieux et des hommes, je vous le dis, exécutez de point en point les ordres que je vous ai donnés et que je vous répète : enlevez-moi à l’instant cet homme et portez-le chez le médecin, à moins que vous ne fassiez bon marché de vos jambes et de vos côtes. S’il menace, qu’on s’en soucie comme de cela. Eh bien, vous restez plantés là ! vous hésitez ! il devrait déjà être en l’air. Je cours chez le médecin, vous m’y trouverez à votre arrivée.

MÉNECHME. C’est fait de moi ! Qu’est-ce à dire ? pourquoi ces gens-là fondent-ils sur moi ? Que voulez-vous ? que cherchez-vous ? pourquoi m’entourer ? Où m’entraine-t-on ? où m’emporte-t-on ? je suis perdu. Citoyens d’Épidamne, à l’aide, au secours ! Me lâcherez-vous ?

MESSÉNION. Dieux immortels, que vois-je ? Des gens qui enlèvent brutalement mon maître !

MÉNECHME. Personne n’a le courage de me secourir ?

MESSÉNION. Moi, mon maître, et de grand cœur. Quelle infamie, habitants d’Epidamne, d’enlever en pleine paix, en plein jour, en pleine rue, mon maître, un homme libre qui est venu chez vous ! lâchez-le.

MÉNECHME. Par pitié, qui que vous soyez, secourez-moi, ne souffrez pas qu’on me traite si outrageusement.

MESSÉNION. Oui je vous aiderai, je vous défendrai, je vous secourrai de toutes mes forces. Je ne souffrirai point qu’il vous arrive malheur : plutôt périr moi-même. De grâce, maître, arrachez l’œil à celui qui vous tient par l’épaule. Quant aux autres, je vais leur semer la mâchoire de coups de poing. Il vous en coûtera cher de l’enlever : lâchez-le.

MÉNECHME. J’en liens un par l’œil.

MESSÉNION. Arrachez, qu’il n’en reste que la place. Ah scélérats ! ah voleurs ! ah brigands !

LES ESCLAVES. Aïe, aïe ! grâce !

MESSÉNION. Lâchez-le.

MÉNECHME. De quel droit me touchez-vous ? (À Messénion.) Peignez-les à poings fermés.

MESSÉNION. Allons, décampez, allez vous faire pendre. Tiens encore, toi qui t’en vas le dernier, attrape. Je leur ai accommodé le museau à ma mode. Par Pollux, mon maître, je suis arrivé à temps pour vous assister.