Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MÉNECHME. Qui que vous soyez, l’ami, que les dieux vous bénissent toute votre vie. Sans vous je n’aurais pas vu le coucher du soleil.

MESSÉNION. Alors, maître, si vous voulez bien faire, affranchissez-moi.

MÉNECHME. Que je vous affranchisse ?

MESSÉNION. Sans doute, puisque je vous ai sauvé la vie.

MÉNECHME. Que signifie ? l’ami, vous vous trompez.

MESSÉNION. Comment, je me trompe ?

MÉNECHME. J’en jure par le grand Jupiter, je ne suis pas votre maître. MESSÉNION. Voulez-vous bien vous taire !

MÉNECHME. Je ne mens point. Jamais esclave à moi ne m’a rendu pareil service.

MESSÉNION. Eh bien donc, si vous me reniez, laissez-moi aller en liberté.

MÉNECHME. Pour ce qui est de moi, par Hercule, soyez libre et allez où vous voudrez.

MESSÉNION. Vous l’ordonnez ?

MÉNECHME. Oui, ma foi, autant que j’ai le droit de vous ordonner quelque chose.

MESSÉNION. Salut, mon patron.

UN ESCLAVE. Je te félicite, Messénion, te voilà libre.

MESSÉNION. Je te crois… Mais, mon cher patron, je vous en prie, donnez-moi vos ordres comme lorsque j’étais votre esclave. Je resterai chez vous, et quand vous retournerez à la maison, j’y retournerai avec vous.

MÉNECHME. Pas du tout.

MESSÉNION. Je vais de ce pas à l’auberge ; je vous rapporterai les bagages et l’argent ; la bourse de voyage est cachetée comme il faut dans la valise, je vais la chercher.

MÉNECHME. Apporte vite.

MESSÉNION. Je vous la remettrai intacte comme vous me l’avez donnée : attendez-moi ici. (Il s’en va.)

MÉNECHME. Il ne m’arrive aujourd’hui que des aventures merveilleuses. Les uns ne veulent pas me reconnaître et me mettent à la porte. Celui-ci, que je viens d’affranchir, soutenait qu’il était à moi. Il dit qu’il va m’apporter une bourse avec de l’argent ; s’il l’apporte, je lui dirai qu’il s’en aille en liberté où il voudra, de crainte qu’en reprenant son bon sens il ne me réclame la bourse. Mon beau-père et le médecin prétendaient que j’étais fous : je n’en reviens pas. Il me semble que j’ai rêvé. Pourtant,