Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses de pierre dont le transport ébranle les maisons et fait osciller le faite des temples. Celui-ci, Hist. Nat. XXXVI, 2, remarque, avec une sorte d’indignation, que M. Scaurus, beau-fils de Sylla, décora sa maison, sur le mont Palatin, de colonnes de marbre hautes de trente-huit pieds, et que, lorsqu’on les y transporta, l’entrepreneur des égouts se fit donner caution pour le dommage qu’elles pourraient causer. « Et ces « masses énormes, ajoute-t-il, étaient traînées au domicile « d’un particulier ! » Apparemment celles qui servaient à construire les édifices publics n’ébranlaient pas moins, sur leur passage, les voûtes et les murailles : or Pline le jeune va louer Trajan de ce qu’il élève des portiques, des temples, un cirque digne du peuple roi. Le fait est que Trajan aimait à bâtir, et qu’il remplit Rome et les provinces de monuments de toute espèce. Aurél. Vict. Epitom. 41, rapporte que Constantin le comparaît à la pariétaire, à cause du grand nombre d’édifices sur lesquels son nom était inscrit (cf. Amm. Marc. XXVII, 3). Mais Trajan bâtissait pour le public et Domitien pour lui-même, et c’est ce contraste que l’orateur a voulu signaler. On peut voir, au sujet du palais de Domitien, les adulations emphatiques de Stace, Silv. IV, 2, et les justes censures de Plutarque, Nie de Publicola, 15.

2. Satis est tibi nimiumque, etc. Je lis cette phrase comme elle se trouve dans nos trois mss. L’édition de S. G. et beaucoup d’autres, au lieu de magnum, portent magis, dont on a fait par conjecture mavis, qu’ont adopté Gesner et Schæfer. Pourquoi n’en avoir pas fait plutùt majus ? — J’avais ponctué ainsi dans la première édition : Satis est tibi nimiumque, quum successeris frugalissimo principi ; magnum, etc., et j’avais traduit : « C’était beaucoup de succédera l’économie « de Nerva ; c’est plus encore de trouver du superflu à retrancher sur ce qu’il vous a laissé comme nécessaire. » Ce sens, pris en lui-même, est d’une justesse incontestable ; mais est-il facile de le retrouver dans le texte latin sans en forcer un peu la construction ? Il s’en présentait un autre, qui pourrait séduire au premier abord : « Succédant à un prince « très-économe, vous avez plus de biens qu’il ne vous en faut. » Mais comment lier cette pensée à la suivante : « c’est une grande action de retrancher quelque chose à ce qu’un tel prince vous a laissé comme nécessaire ? » car enfin ce prince