Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/219

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a du laisser d’autant plus de biens qu’il était plus-économe, et alors il y a peu de mérite à trouver du superflu dans son héritage. Aussi peu satisfait de mon commentaire que de ceux des autres, j’ai proposé, dans une note additionnelle, placée à la fin du volume, une nouvelle explication à laquelle je m’en, tiens, et que je crois la véritable. Elle consiste à entendre par frugalissimo un homme qui retranche non-seulement sur ses dépenses, mais encore sur ses possessions. Or Dion, LXVIII, 2, nous apprend que Nerva rendit tout ce qui existait encore dans le trésor des confiscations de Domitien, qu’il fit au peuple de grandes distributions de terres, qu’il vendit, pour subvenir aux besoins de l’état, beaucoup de meubles et d’effets précieux du palais, ainsi que des domaines et des maisons qui lui appartenaient en propre. D’un autre côté, nul doute que homo frugi ne signifie un homme désintéressé aussi bien qu’un homme économe : selon Cicéron, Tuscul. III, 8, frugalitas contient toutes les vertus ; et, entre autres vices auxquels le philosophe oppose celte qualité, il nomme spécialement l’avarice. Je mets donc deux points après nimi mque. et je traduis ainsi : « Vous croyez avoir assez et trop de biens : successeur du plus désintéressé des princes, il est beau de trouver du superflu à retrancher sur ce qu’un tel prince vous a laissé comme nécessaire. » Une traduction italienne de M. l’abbé Imbimbo, publiée à Naples en 1830, mais dont je n’ai eu connaissance qu’en faisant imprimer cette nouvelle édition, ponctue le latin exactement comme je le fais, et le rend ainsi : « Abbastanza tu reputi possedere, ed anche troppo : cd essendo ad un parcissimo principe succeduto, gran fatto è rifiutare alcuna delle cose che quegli come necessarie lasciô. » Cette traduction ne diffère de la mienne que par la manière de rendre frugalissimo ; là, je crois, est tout le nœud de la difficulté.

2. Recidere. Ici j’ai cédé, peut-être à tort, à l’autorité des critiques. Nos trois mss. et l’anc. éd. portent rejicere. Il est vrai que amputare semble appeler recidere ; et le sens général est d’ailleurs le même.

3. Occulta celeritate. Une célérité qui échappe aux regards, qui est telle qu’on voit la fin de l’ouvrage sans en avoir remarqué les progrès ; une vitesse, pour ainsi dire, occulte, magique, un enchantement enfin. Ces mots fixent le sens de