Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/241

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mente fort ingénieusement les acclamations du sénat en l’honneur du prince. Mais on demandera peut-être à quoi servent tous ces développements, et ce que nous dirions d’un orateur qui viendrait, après huit mois, faire une amplification sur des cris de joie qui ordinairement naissent et meurent avec la circonstance. C’est que, chez les Romains, le souvenir en était plus durable. Un vœu, un compliment, un mot échappé à l’enthousiasme, étaient recueillis et consignés au procès-verbal. Il y avait même dans les acclamations quelque chose d’officiel, dans le désordre de la joie quelque chose de réglé. Plusieurs de ces paroles, qui n’étaient pas toutes improvisées, se répétaient dix, vingt, trente fois. A l’élection de l’empereur Tacite, les sénateurs lui dirent vingt fois : Tacite Auguste, dii te servent. On peut voir dans Vopiscus, ch. 5 , dix autres acclamations adressées au nouveau prince, dont la plus remarquable, Animum tuum, non corpus eligimus, fut répétée trente fois. Nous ne pouvons donc blâmer Pline d’avoir insisté sur des détails auxquels les Romains attachaient de l’importance, et qui, pour ainsi dire, faisaient partie du cérémonial public. Ce morceau du Panégyrique est encore une page d’histoire.

5. Pietate merita. Schwartz a conservé le pie des mss. Mais il est presque évident que cet adverbe est l’abréviation altérée de pietate. En effet, le ms. de Wolfenbüttel, au rapport du même critique, porte prae : or, le copiste n’a pas eu intention d’écrire præ ; car il représente toujours la diphth. æ par un e simple. C’est donc ptae, abréviation assez naturelle de pietate, qu’il voulait écrire.

Nisi ut dii Cæsarem imitentur. On a vivement reproché cette phrase à Pline : il est vrai qu’elle a quelque chose de paradoxal dans la forme ; mais, au fond, l’orateur ne met pas César au-dessus des dieux ; il désire seulement que les dieux aient pour les Romains les mêmes sentiments que César, et ce vœu n’a rien d’impie.

LXXV. 1. Publica acta. Sur ce qu’il faut entendre par ces mots, voy. not. sur Tacite, Ann., V, 4, et XIII, 31.

2. Nec principes possent. Telle est la leçon du ms. 7840 ; et, comme Schwartz l’a trouvée dans plusieurs autres, je n’ai pas hésité à l’admettre. Schwartz attribue la même leçon au