Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/51

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tantôt c’était l’élite du sénat, tantôt la fleur de l’ordre équestre, qui se pressait à vos côtés, et vos licteurs vous précédaient tranquilles et silencieux ; quant aux soldats, pour la contenance, le calme, la retenue, ils ne différaient aucunement du peuple. Vous montez enfin au Capitole ; alors se réveille (et combien agréable !) le souvenir de votre adoption. Quelle jouissance intime pour ceux-là surtout qui les premiers en ce lieu vous avaient salué empereur ! Oui, le dieu même dut, à cette heure plus que jamais, se complaire dans son ouvrage. Mais lorsque vos pas foulèrent le sacré parvis d’où votre père avait révélé ce grand secret des dieux, quels transports universels ! quel redoublement d’acclamations ! que ce jour ressemblait au jour dont il était l’heureuse conséquence ! quelle place n’était remplie d’autels, encombrée de victimes ? combien de vœux offerts pour un seul, et offerts par tous, parce que tous comprenaient qu’appeler sur vous les faveurs du ciel, c’était les appeler sur eux-mêmes et sur leurs enfants ! Du Capitole vous marchez au palais, mais avec le même visage et la même modestie que vers une habitation privée ; les autres regagnent leurs foyers, et chacun va témoigner de nouveau la sincérité de sa joie dans cet asile où aucune nécessité n’oblige de se réjouir.

XXIV. Soutenir un si noble début aurait été pour tout autre une tâche difficile : vous, meilleur et plus admirable chaque jour, vous tenez ce que tant de princes se contentent de promettre. Pour vous seul, le temps ajoute de l’éclat et du prix au mérite ; tant vous joignez heureusement deux choses opposées, la sécurité d’un long pouvoir et la pudeur d’une élévation récente ! On ne vous voit pas renvoyer à vos pieds les embrassements du citoyen humilié, ni présenter à sa bouche une main superbe. Votre visage auguste reçoit son baiser avec la même politesse qu’autrefois, et votre main n’a rien perdu de sa modeste réserve. Vous marchiez à pied ; c’est à pied que vous marchez ; vous aimiez le travail, vous l’aimez encore : la fortune, qui autour de vous a tout changé, n’a rien changé en vous. Le prince paraît-il en public, on est libre de s’arrêter, d’aller vers lui, de l’accompagner, de le dépasser. Vous vous promenez au milieu de nous, sans penser que ce soit pour nous un grand événement ; vous vous communiquez, sans en exiger de reconnaissance. Quiconque vous aborde peut rester