Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/53

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à vos côtés aussi longtemps qu’il veut ; c’est sa discrétion, et non votre orgueil, qui met fin à l’entretien. Vous nous gouvernez sans doute, et nous vous sommes soumis, mais comme nous le sommes aux lois. Elles aussi répriment nos passions et nos désirs injustes ; cependant elles sont avec nous, nous vivons avec elles. Vous êtes dans une position élevée, dominante, comme les dignités et la puissance, qui, placées au-dessus des hommes, appartiennent cependant à des hommes. Les autres princes, par dédain pour nous, et par une secrète horreur de l’égalité, avaient perdu l’usage de leurs pieds. Des esclaves, les épaules courbées sous le faix, les portaient au-dessus de nos têtes : vous, la renommée, la gloire, l’amour des citoyens, la liberté, vous portent au-dessus des princes eux-mêmes. Cette humble terre, où vos pas se confondent avec ceux du peuple, vous élève jusqu’au ciel.

XXV- Je ne crains pas, pères conscrits, de paraître trop long, puisque les bienfaits dont on rend grâce au prince ne sauraient être trop nombreux. Toutefois, il serait plus respectueux sans doute de les abandonner tout entiers à vos pensées, que de les toucher rapidement, et d’effleurer en passant une si noble matière ; car le silence a du moins un avantage, celui de ne rien ôter à la vérité. Et comment dire en peu de mots les tribus enrichies, le congiarium donné au peuple, et donné sans réserve, tandis que les soldats n’avaient reçu qu’une partie du don militaire ? Est-ce l’ouvrage d’une âme commune, de satisfaire de préférence ceux à qui on pourrait plus facilement refuser ? Du reste, un esprit d’égalité s’est reconnu même en ce traitement inégal : les soldats ont été mis de pair avec le peuple en recevant une partie, mais les premiers ; le peuple avec les soldats, en recevant le dernier, mais le tout à la fois. Et quelle générosité dans la répartition ! quelle attention vigilante à ce que nul ne fût excepté de vos largesses ! Elles se sont étendues aux personnes inscrites, depuis votre édit, en remplacement des noms effacés ; et ceux même à qui rien n’était promis ont eu leur part aussi bien que les autres. Les affaires, les infirmités, la mer, les fleuves, retenaient-ils quelqu’un ; on l’attendait. Vous avez pourvu à ce que personne ne fût ni malade, ni occupé, ni absent : libre à chacun de venir quand il voulait, de venir quand il pouvait. C’était une œuvre grande, César, et digne de vous, de rapprocher par le génie de la mu-