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PRÉFACE.

les Ennéades pussent être livrées à l’impression, n’ont pas plus épargné cet ouvrage que les autres œuvres qui nous restent de l’antiquité ; ils ont même dû défigurer d’autant plus le texte original de notre auteur qu’il était plus difficile à comprendre. On peut en effet juger de leur embarras et de leurs erreurs par le nombre et l’importance des variantes que présentent les divers manuscrits.

Telles sont les difficultés contre lesquelles avait à lutter le traducteur de Plotin, difficultés qui jusqu’ici ont paru si grandes qu’elles avaient fait à notre auteur la réputation d’être inintelligible[1], et qu’elles avaient rebuté ceux qui auraient pu être tentés de le traduire en français.


Cependant, il s’offrait dans cette entreprise plusieurs genres de secours, les uns pouvant servir à établir le texte, les autres à l’interpréter.

Le texte grec, publié pour la première fois à Bâle en 1580, près de cent ans après la publication de la traduction latine de Marsile Ficin, n’avait été établi que sur un très-petit nombre de manuscrits ; aussi laissait-il beaucoup à désirer. De nos jours, l’illustre Fréd. Creuzer, qui déjà, dès 1814, avait donné une édition spéciale d’un des livres les plus intéressants de Plotin, du livre Du Beau, entreprit, de concert avec le savant G.-H. Moser, d’améliorer ce texte, le seul que l’on possédât depuis plus de deux cent cinquante ans. À cet effet, il collationna ou fit collationner les principaux manuscrits de Plotin qui existaient dans les

  1. Voyez le jugement plus que sévère porté sur Plotin par Brucker et par Buhle dans leurs Histoires de la philosophie. Le jugement de ce dernier, qui déclare Plotin inintelligible, a été reproduit par Daunou dans l’article Plotin de la Biographie universelle. Clavier, dans l’article Damascius de la même Biographie, qualifie aussi Plotin d’inintelligible. Il ne paraît pas du reste que ni l’un ni l’autre des deux savants français aient seulement abordé l’étude de ce philosophe : ils se sont bornés à accepter une opinion toute faite.