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PRÉFACE.

les faits. C’est ce que nous croyons avoir réussi à accomplir en retrouvant et reproduisant le texte même des passages que Plotin avait pu citer ou rappeler, soit pour les discuter, soit pour se les approprier. C’est dans ce but que nous avons donné à nos citations une étendue qui autrement pourrait paraître démesurée. Et nous ne nous sommes pas borné à indiquer les emprunts faits aux philosophes grecs, à Platon, à Aristote, aux Stoïciens ; nous croyons avoir aussi retrouvé la trace des doctrines théologiques tirées de l’Orient, et nous avons montré par de nombreuses citations l’analogie frappante qu’offrent certains passages de Plotin avec les ouvrages du Juif Philon et les livres de la Kabbale.

II. Après avoir beaucoup exalté la philosophie alexandrine, on s’est pris à la déprécier outre mesure, et, faute de la comprendre ou même de l’étudier, on l’a déclarée inintelligible et indigne de toute étude. Nous pensons que la lecture des Ennéades mêmes et des documents qui les accompagnent ici suffira pour dissiper bien des préventions.

Quelque opinion que l’on doive professer sur le fond de la doctrine, on reconnaîtra facilement que la philosophie de Plotin a une originalité, une élévation qui lui assurent un intérêt propre et qui en font un objet digne des études les plus sérieuses. Pour peu que l’on soit familiarisé avec la philosophie grecque, on reconnaîtra également que, sauf les difficultés qui tiennent à la négligence de la rédaction[1], les écrits de Plotin n’offrent rien de plus obscur pour la doctrine que ceux de ses devanciers, d’Aristote surtout ; que souvent même ils peuvent servir à les éclaircir, comme nous l’avons montré pour plusieurs passages de la Métaphysique ou du Timée. Et pour le style même, on reconnaîtra encore que ce style tant accusé n’est réellement pas sans mérite.

  1. Sur la manière de rédiger de Plotin, Voy. ci-après sa Vie par Porphyre, § 8, p. 10 et 11.