Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
vi
AVERTISSEMENT.

avec l’autre. Ajoutons que les livres qui contiennent ces solutions sont peut-être les plus achevés que nous ait laissés Plotin, et que plusieurs peuvent aller de pair avec ce que les plus grands philosophes ont produit de plus solide, dans les temps modernes comme dans l’antiquité. Et en effet, nous ne craignons pas de le dire, le traité De la Providence peut sur bien des points soutenir la comparaison avec la Théodicée de Leibnitz ; le livre Sur le Temps et l’Éternité, aussi remarquable par la méthode que par la profondeur, se place à côté de la célèbre correspondance de Clarke et de Leibnitz Sur le Temps et l’Espace ; nulle part enfin la distinction de l’âme et du corps n’a été établie plus fortement que dans les livres Sur l’Âme et Sur l’Immortalité : ici Plotin le dispute à Descartes, si même il ne l’emporte sur l’auteur des Méditations[1].

Nous espérons que le travail que nous avons joint à la traduction des deux Ennéades contenues dans ce second volume ne sera pas non plus sans intérêt ; nous avons fait du moins tous nos efforts pour qu’il ne fût pas indigne des livres qu’il devait accompagner.

À cet effet, nous avons dans ce volume, de même que dans le précédent, réuni tous les genres de secours qui nous ont paru propres à faciliter l’intelligence du texte.

Pour ceux des livres de Plotin où le sujet est traité complètement et avec assez de méthode, et qui par conséquent peuvent se suffire à eux-mêmes, nous nous sommes borné aux Sommaires, destinés à faire mieux saisir l’enchaînement des idées, et aux notes particulières, où sont expliquées les difficultés de détail ; mais, pour les livres où la doctrine n’était exposée qu’incomplètement et qui supposaient la connaissance des autres parties du système, nous avons, dans les Éclaircissements placés à la fin du volume, présenté un tableau aussi complet et aussi fidèle qu’il nous a été possible des opinions de notre auteur sur la matière, en recueillant dans les autres parties des Ennéades tous les passages qui se rapportaient au sujet en discussion : c’est ce que nous avons fait notamment pour la doctrine de Plotin sur la Providence et le Destin[2], sur l’Essence, les Facultés et la Destinée de l’Âme[3].

  1. C’est ce qu’avait déjà reconnu un des écrivains les plus compétents, M. Jules Simon, qui s’exprime ainsi dans sa savante Histoire de l’École d’Alexandrie (t. I, p. 587) : « Plotin a employé tout un livre à établir la distinction de l’âme et du corps ; et si l’on rapproche cet ouvrage de la Méditation de Descartes sur le même sujet, je ne sais laquelle des deux démonstrations on trouvera la plus complète. »
  2. Voy. ci-après, p. 507-519.
  3. Voy. ci-après, p. 566-581.