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LIVRE QUATRIÈME.
DU DÉMON QUI EST PROPRE À CHACUN DE NOUS[1].


I. Parmi les principes, il en est qui produisent leur hypostase (ὑπόστασις[2]) en demeurant immobiles[3]. Quant à l’Âme universelle, elle entre en mouvement pour engendrer son hypostase, savoir, la Puissance sensitive avec la Nature [Puissance végétative], et descendre par cette dernière jusque dans les plantes[4]. L’âme même qui réside en nous a pour hypostase la Nature ; cependant la Nature ne domine pas alors, parce qu’elle n’est qu’une partie de notre être[5]. Mais, quand la Nature est engendrée dans les plantes, c’est elle qui domine, parce qu’elle est alors en quelque sorte seule. La Nature n’engendre donc rien, ou du moins, si elle engendre[6], c’est une chose fort différente d’elle-même [la Matière] : car la vie s’arrête à la Nature ; ce qui naît de la Nature est complètement privé de vie. Tout ce qui est né de l’Âme univer-

  1. Ce livre se rattache par son sujet à la question générale du Destin et de la Providence. Mais il est lié beaucoup plus étroitement au suivant (De l’Amour), dans lequel Plotin parle aussi des démons (principalement § 6 et 7), et qu’il nous paraît indispensable de lire avec le livre quatrième pour bien comprendre la doctrine de notre auteur. Pour les autres Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre, à la fin du volume.
  2. Ficin rend ce mot par subsidens actus (acte substantiel).
  3. Ce sont le Bien et l’Intelligence.
  4. Voy. Enn. V, liv. ii, § 3.
  5. Il faut lire οὑ ϰρατεῖ μέρος οὖσα, en ajoutant la négation, ou bien μέρος οὖσαν, comme le fait M. Kirchhoff : car il y a une opposition entre ces deux phrases.
  6. Nous n’adoptons pas ici la correction faite par M. Kirchhoff, qui retranche γεννᾷ : la suite des idées nécessite la répétition de ce mot.