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LIVRE CINQUIÈME.
DE L’AMOUR[1].


I. L’Amour est-il un dieu, ou un démon, ou une passion de l’âme humaine ? ou bien est-il sous un point de vue un dieu, sous un autre, un démon, sous un autre encore, une passion de l’âme humaine ? Qu’est-il alors sous chacun de ces points de vue ? Voilà les questions que nous avons ici à examiner en interrogeant les opinions des hommes, principalement celles des philosophes. Le divin Platon, qui a beaucoup écrit sur l’amour, mérite ici une attention particulière : non-seulement il dit que l’amour est une passion capable de naître dans les âmes, mais encore il l’appelle un démon, et il donne de grands détails sur sa naissance et sur ses parents[2].

Pour commencer par la passion, personne n’ignore que la passion que nous rapportons à l’Amour naît dans les âmes qui désirent s’unir à un bel objet. Personne n’ignore non plus que ce désir tantôt se trouve chez des hommes tempérants, familiarisés avec le beau, tantôt a pour but une jouissance charnelle. Quel est son principe dans ces doux cas, voilà ce qu’il faut examiner d’une manière philosophique.

Si l’on veut assigner à l’amour sa véritable cause, il faut

  1. Plotin considère ici l’Amour sous trois points de vue, comme dieu, comme démon, comme passion de l’âme. Par le second point de vue, ce livre se rattache étroitement à celui qui précède. Pour les autres Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre à la fin du volume.
  2. Voy. ci-après, § 6.